Édition 2020/2021

ÉDITOS

La tentation est grande d’assimiler le baroque à un âge d’or, à un monde artistique fermé, cohérent, dédié au seul plaisir de nos yeux et de nos oreilles. Il n’en est rien, évidemment, et chaque nouvelle saison de Baroque en scène se veut la démonstration d’une richesse, d’une mobilité, d’une modernité qui ne sont pas l’apanage des musiques que l’on qualifie de « classiques et contemporaines ».

C’est tout aussi vrai du théâtre : Le Malade imaginaire que nous proposent les Malins Plaisirs reste une pièce non pas intemporelle mais audacieuse, vive, prometteuse. Côté instrumental, un monde sépare les duos luth et gambe défendus par Jonas Norberg et Liam Byrne de ceux pour violon et violoncelle du Duo Tartini. Et les radieuses Suites de danses d’Elisabeth Jacquet de la Guerre qu’interprète Marie van Rhijn sonnent comme un moment de grâce dans une histoire mouvementée du clavecin en Europe. Or cette dimension internationale, parfaitement illustrée par Aria Voce & le
Macadam Ensemble dans leur programme consacré aux chemins de Compostelle, ne doit jamais être oubliée. Certes, le socle commun apporté par le répertoire religieux, à image du Concert de Noël proposé par Stradivaria, est source d’unité, mais la diversité artistique n’en est pas moins vertigineuse en Europe depuis la Renaissance jusqu’aux Lumières.

Autre dénominateur partagé, l’impulsion vers la scène, sacrée ou profane, vers la fusion des arts visuels et sonores, rapproche plus encore les expériences, les audaces, les sensibilités d’hier et d’aujourd’hui. Les propositions de Baroque en scène, cette saison, en livrent de très belles facettes, depuis les tableaux vivants conçus par Amarillis sur la Tafelmusik de Telemann, jusqu’à une audacieuse lecture de Didon et Enée, pilier du répertoire réinterrogé par une création sonore de Mathias Delplanque et la mise en espace de Colyne Morange. Mise en espace régénérante aussi que celle imaginée par Paul Agnew pour L’Orfeo de Monteverdi, avec les Arts florissants, tandis que les Lunaisiens et Stradivaria illustrent les Mythologies au travers de la cantate Jupiter et Europe de Nicolas Bernier. Et nous aurons même, pour ouvrir la saison, un ciné-concert autour de Leonard de Vinci, avec les voix et les instruments de Doulce Mémoire ! Ainsi, avec la complicité de Stradivaria et de son Concours international de musique ancienne, les trois institutions qui mettent en commun leurs forces pour offrir au public de la métropole nantaise cette nouvelle saison de Baroque en scène peuvent se réjouir d’accompagner ainsi des artistes qui ne se contentent pas de défendre et illustrer le passé, mais de l’interroger et de le vivre au présent.

Denis Caille Directeur Général de La Cité
Cyril Jollard Directeur de la Soufflerie
Alain Surrans Directeur d’Angers Nantes Opéra

Redécouvrez le programme de la saison 2020/2021